3.3.     LES ASSOCIATIONS ISSUES DE L’IMMIGRATION

A)    LES ASSOCIATIONS D’IMMIGRES DANS LA MOBILISATION


Les associations issues de l’immigration ont toujours considéré qu’elles avaient une place privilégiée dans le combat pour l’égalité des droits et contre le racisme. La question de “ l’autonomie ” qui participe de cette conviction a souvent été mise en avant. Ces associations ont été, ont pu être des pôles importants autour desquels se sont organisées les mobilisations, il est cependant incontestable que depuis le milieu des années 80 elles ont perdu cette place privilégiée. Même si elles continuent d’occuper une place charnière entre les immigrés “ réguliers ” et les sans papiers, elles n’ont pas pu valoriser ce rôle. 


Aujourd’hui deux grandes composantes coexistent et se regardent en chiens de faïence : les associations dites “ communautaires ” ou nationalitaires et les associations dites de banlieues ou de “ jeunes ”, elles-mêmes subdivisées en mouvances et tendances diverses.


Très affaiblies en termes de capacité de mobilisation militante, marginalisées institutionnellement, dispersées sinon concurrentes, elles n’en restent pas moins porteuses d’une originalité : celle d’être des associations nées dans l’immigration ce qui permet une connaissance intime. De plus, dans le contexte actuel,  elles avaient à surmonter (à défaut de combler) l’absence remarquée des immigrés “ réguliers ” dans la solidarité avec les sans papiers. Leur participation dans la mobilisation des sans papiers en 1996 s’est faite progressivement avant de déboucher sur une contribution originale.


UNE PARTICIPATION D’ABORD EN ORDRE DISPERSE...


C’est à partir du 22 mars, lors du premier rassemblement en soutien aux sans papiers de l’église St-Ambroise, que des associations issues de l’immigration vont commencer à prendre part, publiquement à la mobilisation. En effet, l’appel lancé par les associations pour le rassemblement devant Matignon, est signé par deux associations : Bail et Clés (association issue de la lutte des africains de Vincennes) et Chorba Pour Tous. Ce rassemblement sera suivi d’une première manifestation, à Paris, le 30 mars, au cours de laquelle de nombreuses associations d’immigrés participeront, dont la FTCR (ex UTIT)....


Lors de la marche organisée à Paris, le 1er juin, de la République à Pajol, à l’initiative des sans papiers de l’église St-Ambroise et soutenu par de nombreux mouvements, la liste des associations issues de l’immigration sera un peu plus importante, puisqu’elle comprend outre Bail et Clés déjà présente, l’ATMF (Marocains), Le Comité Contre la Double Peine, CAMF (Maliens), MODEFEN (Femmes Noires), Nanas Beurs. Notons au passage une forte présence d’associations de femmes.


Parallèlement à ces mobilisations de soutien direct aux sans papiers, le Collectif contre le projet Toubon  va  organiser un certain nombre d’initiatives. Ainsi le 15 avril , le rassemblement devant l’assemblée nationale: parmi les signataires  figure une seule association d’immigrés : l’ACTIT (Turques). En revanche lors de la manifestation contre le projet de loi Debré, le 15 juin 1996 nombreuses seront les associations issues de l’immigration signataires participantes (dont des associations turques, tunisiennes, marocaines, africaines).

... PUIS UNE IMPLICATION PLUS COLLECTIVE


Comme on l’a vu, l’intervention des associations s’est déroulée par approches successives et spécifiques au cours de la période qui va de mars à fin juin, au moment de l’occupation de l’église St-Bernard.


Très souvent la participation des associations d’immigrés se limitait à la signature d’un appel à manifester. Certaines associations se sont un peu plus impliquées dans le soutien à tel ou tel collectif de sans papiers en fonction des situations conjoncturelles : proximité du local (ATMF), sans papiers Tunisiens à l’église St-Hippolyte (FTCR), ou Turcs (ATT), ou encore Charters vers la Tunisie ou le Maroc, la Turquie...etc.


A partir de juillet, on va assister à une démarche plus collective de la part des associations: Leur mobilisation se fera en trois directions :


    a - Une action auprès des institutions européennes 
    b - Une action en direction des pays d’origine en lien avec les expulsions par charters
    c - Une action de participation active dans le soutien aux sans papiers.

a/ En direction de l’Europe


C’est au début de juillet que l’idée d’une intervention auprès des instances européennes a été proposée au cours d’une réunion qui s’est tenue le 10 juillet entre la coordination régionale Ile-de-France et quelques associations (LDH, Forum des migrants, Associations d’immigrés). Le forum des migrants sera alors chargé de prendre tous les contacts pour une rencontre avec des parlementaires européens.


Le 18 juillet 1996 une première rencontre a en effet été organisée et une délégation de sans papiers a été reçue par des parlementaires. Cette délégation était composée des représentants de St-Bernard, de St-Hippolyte, de St-Denis et de quelques personnes d’associations, notamment la LDH, le Forum des Migrants, l’ATT, l’ATF, la FTCR ... .


Il faudra, pourtant attendre la seconde rencontre qui a lieu le 18 septembre pour voir se concrétiser une première victoire des sans papiers au niveau des institutions européennes. Au cours de cette rencontre  était présente une importante délégation des collectifs de sans papiers (avec St-Bernard, St-Hippolyte, le 3è Collectif, Colombes, St-Denis, Les Yvelines, Lille...). Une manifestation était organisée dans le même temps aux abords du Parlement par les associations de Strasbourg et les nombreux sans papiers venus de la région parisienne.


C’est en effet à cette occasion que le Parlement Européen adoptera au cours de sa séance du 19 septembre, une résolution favorable aux sans papiers.
Dans la foulée, le 24 septembre, c’est au tour de l’Assemblée Paritaire ACP-UE (regroupant des parlementaires d’Afrique-Caraïbes-Pacifique et ceux de l’Union Européenne), réunie à Luxembourg de d’adopter  une résolution condamnant la France (Voir annexe).


Incontestablement le travail entrepris auprès des institutions du Parlement Européen par les associations en collaboration avec la LDH et le Forum des migrants est un apport de taille qui ouvre d’autres perspectives. Une grande rencontre européenne sur les sans papiers est ainsi prévue pour le mois d’avril 1997 à Paris.

b/ En direction des pays d’origine


La collaboration entre les associations issues de l’immigration, la LDH, la FIDH et Amnesty International, s’est aussi activée en direction des pays d’origine des sans papiers et surtout vers les pays où il y a eu des expulsions par charters. Un travail de sensibilisation des ONG et des gouvernements a été entreprise efficacement.


Au début du mois d’août, à l’annonce des charters vers le Maroc et le Mali, l’ATMF prend l’initiative d’interpeller l’ambassade du Maroc à ce sujet. Le 12 août une délégation de plusieurs associations composée de l’ATMF, la FTCR, Droits Devant et du MRAP est effectivement reçue. Dans le communiqué publié à l’issue de cette rencontre les associations “ ont clairement dénoncé l’accord entre les autorités françaises et marocaines... ”.


Dans le même temps, et alors que se confirme la volonté du gouvernement français de multiplier les expulsions par charters, les associations ATMF, ATF (Tunisiens) et FTCR (Tunisiens) dénoncent dans un communiqué commun en date du 21 août “ l’institutionnalisation de la politique des charters ” et notamment celui prévu pour le 26 août en direction du Maroc et de la Tunisie. Dans ce communiqué les associations “ apportent leur soutien à la lutte des sans papiers de St-Bernard et appellent les Maghrébins à participer massivement à la manifestation ” (Ce charter partira en fait 2 jours plus tard, le 28 août de la base militaire d’Evreux et de Roissy vers la Tunisie et le Zaïre). Les démarches vont avoir lieu en direction de l’ambassade de Tunisie et dans une lettre collective les associations (FTCR, ATF, ATMF, ATT, LDH, MRAP et CIMADE) vont demander à être reçue en délégation.


Là encore, les démarches conjointes des associations de l’immigration, de la LDH, la FIDH, et Amnesty International vont déclencher un sursaut auprès des ONG, de la presse et surtout des organisations de défense des droits de l’Homme. Evidemment, c’est avant tout l’émotion des opinions publiques face à ces expulsions en masse qui va être le moteur des réactions nombreuses auxquelles nous avons assisté au mois d’août. Mais la dynamique des associations a permis de formaliser certaines réactions et notamment la réunion qui a eu lieu le 20 septembre à Paris et qui a rassemblé les représentants des Ligues des Droits de l’Homme du Centre Afrique, de la Guinée, du Mali,  de Mauritanie,  du Sénégal, du Maroc et de Tunisie. Une déclaration commune a été publiée. (voir annexe).


c/ Une participation active dans la mobilisation et le soutien aux sans papiers
Si sur les deux axes précédents les associations de l’immigration se sont appuyés tantôt sur le réseau européen et le Forum des migrants tantôt sur le réseau de la LDH et la FIDH, le troisième axe de travail, tout en s’appuyant sur le travail déjà effectué, va donner lieu à une dynamique et à une réflexion entre les associations elles mêmes.


Il faut d’abord se remémorer le contexte et notamment l’accélération des événements après l’expulsion de l’Église St-Bernard le 23 août. Les associations d’immigrés vont participer aux divers appels à manifester notamment les 23 et le 28 août, manifestations qui avaient, en s’en souvient, rassemblées des dizaines de milliers de personnes.


Le 23 août, l’appel commun des associations de l’immigration  condamne l’intervention brutale de la police, dénonce “ les charters et la complicité des ambassades des pays d’origine ” et appelle les populations issues de l’immigration à exprimer “ leur soutien et leur solidarité active avec les sans papiers ” et leur demande de rejoindre les collectifs de la coordination nationale des sans papiers. Ce texte, qui demande également l’abrogation des lois Pasqua et de toutes les lois anti immigrés et appelle à manifester le soir-même à République, est signé par l’ATF(Tunisiens), l’AMF 93 (Marocains), l’ATMF (Marocains), l’ATTF (Turcs), l’UTSF-AR (sénégalais), le CFAIT (Turcs), la FTCR (Tunisiens), le SAE (Algériens), le Forum des Migrants, et Bail et Clés.


De leur côté, deux associations de travailleurs turcs, l’ATTF et l’ADTT, lancent un appel pour la manifestation du 28 août dans lequel elles “ réaffirment leur soutien à la lutte des sans papiers ”; elles appellent “ l’ensemble des immigrés originaires de Turquie à rejoindre les collectifs de la coordination nationale des sans papiers en constituant un réseau d’action commun ”.

 

B)    LE GROUPE DES ASSOCIATIONS ISSUES DE L’IMMIGRATION  (ASIIM)


Dans  un appel  à la manifestation du 28 août, les associations déclarent que “ la lutte des immigrés de St-Bernard a des significations qui dépassent le cas des 300 sans papiers. Outre le drame vécu par ces familles, c’est toute la question de l’immigration qui est reposée, et c’est le devenir des droits de l’homme au pays de la révolution qui est en cause ”. Le texte est signé par les association : Citoyennes des deux rives, ACTIT, ATT, ADTT, ATF, ATMF, AMF 93, Bail & Clés, CFAIT, FTCR, FETRANI, Femmes Plurielles, Forum des Migrants/GAF, SAE, UTSF-AR.


Le même jour, une réunion est organisée à l’ATT qui va dès lors jouer le rôle de jonction et de secrétariat technique des ASIIM. De plus, une permanence ainsi que de nombreuses réunion des délégués du 3ème Collectif vont avoir lieu à l’ATT d’où est lancé un appel à toutes les associations issues de l’immigration pour une rencontre le lendemain.. C’est au cours de cette réunion du 29 que les associations présentes (ATT, ADTT, ATF, KOMKAR, ATMF, AMF, FTCR, FETRANI, SAE) vont prendre une série de décisions et notamment “ d’inscrire ces rencontres dans la durée ” (le sigle ASIIM apparaît tel quel dans le compte-rendu), de participer aux “ Assises ” des médiateurs, (une lettre sera envoyé dans ce sens), d’organiser des discussions avec les syndicats, les politiques et les associations; d’interpeller les consulats à propos des charters; et surtout les associations, “ après un échange de points de vues sur le mouvement des sans papiers, [il est] décidé de renforcer le travail du 3è collectif qui vient de se constituer à Paris ”.


Les réunions vont se poursuivre toutes les semaines. Les décisions principales concerneront la participation active au 3ème Collectif et dans les différentes permanences ainsi que la nécessité de mener une réflexion en vue de participer aux assises des médiateurs. Il est néanmoins précisé que “ les permanences n’étaient des permanences juridiques et que par conséquent il ne s’agissait pas de travailler sur le montage de dossiers cas par cas pour les envoyer aux administrations. Ces permanences, comme définies par le Collectif des sans papiers, sont un moyen de recensement et de mobilisation des sans papiers pour une lutte politique ”.


Le choix accordé au 3ème Collectif s’est imposé objectivement pour au moins deux raisons : d’abord la naissance de ce collectif correspond justement à l’émergence d’une réelle volonté d’implication dans le soutien aux sans papiers de la part des associations d’immigrés ; de plus les deux autres collectifs, dans Paris (St-Bernard et St-Hippolyte) sont depuis longtemps structurés et “ verrouillés ” au niveau du soutien. La seconde raison, plus volontaire, est liée à la stratégie même du 3ème Collectif délibérément “ ouvert à tous les sans papiers ” ce qui correspond tout à fait aux options des associations. 


Sans doute est-ce aussi la réalité de terrain du noyau d’associations le plus actif (notamment l’ATF, l’ATT, la FTCR l’ATMF) elles sont avant tout implantées à Paris. Un appel est-ainsi lancé par les “ ASIIM ” dans lequel “ il est demandé à toutes les associations de rejoindre et de renforcer les collectifs des sans papiers dans leur localité ”. C’est là une façon bien pratique de reconnaître une réalité de fait (l’ATMF, a joué un rôle logistique important dans le soutien à St-Bernard du fait de la proximité du local; le SAE privilégie le Collectif de Colombes (92), l’UTSF-AR est, pour sa part plus impliqué dans le Collectif 93...). Quand à l’ATF, l’ATT et la FTCR elles vont s’investir dans le soutien au 3ème collectif.
L’implication des associations issues de l’immigration dans les différents collectifs de sans papiers restera relativement faible même en prenant en considération les signatures des structures nationales dans de nombreux collectifs : 


A titre d’exemples, le  collectif 93 en Seine St-Denis, avec cinq associations, sera celui qui regroupera le plus d’associations issues de l’immigration. (Association. des Femmes de Franc-Moisin, Association. des Maliens de la Sonacotra, le Conseil des Familles de Pierreffitte, l’UTSF/AR et l’ATMF; à Paris L’église St-Hippolyte il y a l’ATMF, l’ATF et la FTCR; à Colombes (92) il y a l’ATMF et la SAE; dans les Yvelines (78) il y a l’ATMF ; à Nîmes il y a l’UTIT et l’AMF ; à Lyon , les JALB ; à Longjumeau, l’Association. Zaïroise de Longjumeau et l’Association. Humanitaire Yoff ; à Tours la Communauté Zaïroise de Touraine ; à Nantes, l’Association. Africaine de Solidarité ; à Lille, l’association Texture et le collectif Rwanda ... 

C)    LES AUTRES COMPOSANTES DE L’IMMIGRATION
La mobilisation des sans papiers a, on l’a vu, occasionné de nombreuses polémiques avec l’Eglise, avec certaines associations. Elle a aussi suscité des interrogations quand à l’absence de solidarité de la part des immigrés “ réguliers ” et la faible participation des associations issues de l’immigration.
J.Costa Lascoux, membre du collège des médiateurs a pu écrire, dans un article paru dans Les Idées en Mouvement (Oct. 96), mensuel de la Ligue de l’Enseignement, “ quand aux organisations d’immigrés “ réguliers ”, elles ont peu exprimé leur soutien aux sans papiers, et les non-africains se sentaient peu concernés, à l’exception des parents asiatiques d’enfants nés en France, qui ont déposé des dossiers de régularisation après le communiqué du ministre de l’intérieur laissant espérer un traitement favorable de ces cas ”.


On se souvient aussi de certaines déclarations parlant des “ beurs qui ne se sentent pas concernés par les clandestins ” ou encore que “ la fermeté contre les clandestins est une des premières requêtes des étrangers installés en France légalement. Ces derniers ont compris depuis longtemps qu’ils subissaient injustement les conséquences de l’arrivée massive d’immigrés clandestins ” (R. Kaci. le Figaro du 22 avril 96).


Dans ce débat, c’est davantage le point de vue exprimé par Mogniss Ben Abdallah de l’agence IM’MEDIA dans un article paru dans une feuille militante “ le Séminole ” ( nov. 96) qui contient la critique la plus pertinente, sans doute parce qu’elle provient de l’intérieur. Le titre de cet article est en soi suffisamment évocateur “ Le dernier intégré verrouille la porte derrière lui ! ”. D’après l’auteur “ Après une absence remarquée tout au long du mouvement des sans papiers, les Beurs font une timide réapparition pour la rentrée ”... “ Si l’immigration régulière -parents et enfants réunis- a majoritairement exprimée une défiance réelle vis à vis des sans papiers, force est de constater que ce sont quelques immigrés membres d’organisations syndicales ou de solidarité qui ont les premiers apporter leur soutien aux sans papiers de St-Ambroise. Des individualités issues de l’immigration se sont aussi engagées très tôt et à titre personnel ... Qu’en est-il des associations de l’immigration qui ont survécu au laminage intégrationniste ? Souvent moribonde, réduites à des coquilles vides, vont-elles se ressaisir ? ”. 


Après ce constat concernant les associations “ communautaires ” l’article interpelle le Mouvement de l’Immigration et des Banlieues (MIB) en ces termes : “ L’absence de groupes comme le MIB, mouvement de l’immigration et des banlieues, intrigue davantage. Habituellement plus volontariste, les lascars du comité contre la double peine et du MIB ont snobé un mouvement qui revendique tout comme eux l’abrogation des lois racistes et pratique l’auto-organisation.... La surenchère à la radicalité formulée en dehors de la dynamique du mouvement n’apporte pas davantage. C’est trop facile de critiquer de l’extérieur certaines faiblesses apparues ici et là ”. Mogniss enchaîne sur sa propre conception du soutien aux sans papiers “ Après six mois de lutte et l’extension qu’à réussie le mouvement des sans papiers, des dissensions internes seront inévitables entre ceux qui  préconisent une solution politique globale et ceux qui, fatigués, accepteraient plus volontiers des solutions au cas par cas au terme de négociations incognito. Il s’agit aujourd’hui de participer au renforcement de la structure de coordination nationale des sans papiers et d’y défendre des positions allant dans le sens de la recomposition du mouvement politique de l’immigration sur des bases inter-générationnelles et intercommunautaires, en articulation avec le mouvement social ”.


Une telle critique ne pouvait laisser le MIB insensible. Il faut rappeler d’abord que le comité contre la double peine s’est manifesté, dès le début juin ( en participant à la manifestation du 1er juin ) même si il a préféré prendre une certaine distance par la suite. Il faut aussi rappeler que quelques assemblées du 3ème collectif ont eu lieu au 46, rue de Montreuil où siège le MIB.


C’est à partir du 21 août 1996 à l’occasion d’une des manifestations de sans papiers que le MIB va commencer à s’impliquer dans la dynamique, toujours un pas en avant et deux pas en arrière. Le texte diffusé le jour de la manifestation par le MIB rappelle entre autre le “ consensus anti-immigration ” et pense “ qu’il faut battre en brèche toutes les idées reçues. Les partis politiques qui se sentent concernés par ce combat sont les premiers à pouvoir le faire. Dans ce cas ils n’ont qu’à prendre à leur compte et inscrire dans leurs programmes politiques et afficher dans leurs campagnes électorales toutes les revendications légitimes des immigrés à commencer par le droit de vivre en famille et le droit de vote ”.
Un mois plus tard, dans le cadre des préparatifs de la manifestation du 28 septembre, dans un courrier envoyé à ses adhérents et sympathisants les invitant à venir nombreux, le MIB estime “ qu’aujourd’hui, avec le mouvement des sans papiers, c’est l’heure de se retrouver massivement, de se montrer et mettre les revendications du MIB sur la place publique, dans la rue ”.

Effectivement, lors de la manifestation du 28 septembre, le MIB, tout en organisant un cortège important et structuré, va développer un peu plus ses orientations de fond dans un éditorial du journal “ l’Echos des Cités ” : “ Ainsi donc, à travers la lutte de St-Bernard la gauche antiraciste se laverait de ses pêchés et ressortirait toute neuve de cette histoire. Au nom de la misère et de la Hagra, il faudrait être amnésique et recommencer l’histoire de 1981, 1986-88. ... L’immigration a une histoire, une mémoire de lutte propre et on voudrait nous faire croire qu’il s’agit d’humanitaire, de social et de culturel. ... Notre priorité c’est que les luttes de l’immigration et des cités soient reconnues pour ce qu’elles apportent. Et notre parole passe par notre canal, par nous et pour nous ”. Dans “ Flash Alternative ” de novembre 96, un autre militant développe ainsi la stratégie du MIB : “ L’objectif du MIB est de construire un rapport de force en faveur de la participation des gens, des concernés, pour insuffler une citoyenneté active et solidaire. C’est pourquoi nous pensons que, par rapport au mouvement actuel des “ sans papiers ” bien qu’il soit parti des foyers de Montreuil, auto-organisé, nous constatons qu’il a subit et subi toujours les pesanteurs néfastes des associations qui ont pignon sur rue, pour le récupérer, le diriger, et que la bataille de “ représentativité ” entre celles-ci est sans merci ”.
 

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