AVERTISSEMENT


Le 18 mars 1996 restera dans les mémoires. Qui, en effet, pouvait penser alors que l’occupation de l’église St-Ambroise allait déclencher un mouvement d’une telle ampleur et bousculer à ce point les idées reçues et les dogmes en matière d’immigration ?

 


En fait, ce n’est pas tant le nombre de sans papiers engagés dans la mobilisation et encore moins le nombre de grévistes de la faim (ils étaient environ 160 grévistes et moins de 5 000 sans papiers répertoriés) qui va marquer cette mobilisation : c’est davantage la détermination des sans papiers à commencer par ceux de St-Ambroise d’une part, la durée de la mobilisation - puisque le mouvement va bientôt “ fêter ” son premier anniversaire -, l’exceptionnelle mobilisation de l’opinion publique et la sympathie qu’elle exprima aux sans papiers de l’autre qui vont constituer les facteurs dominants de ce mouvement.
Comment par conséquent traiter d’un tel sujet, presque “ à chaud ” ? Même si aujourd’hui, dix mois après, le mouvement a, semble t-il, atteint les limites de son extension (comme celle qu’il a connu en avril-mai-juin) et qu’il traverse une période de reflux relatif, il n’en garde pas moins des potentialités nombreuses pour une redynamisation.


Comment, sans avoir le recul nécessaire, appréhender les éléments principaux de ce mouvement, les analyser sereinement et en tirer des enseignements pour le futur, en étant à la fois “ observateur ” et acteur engagé dans la mobilisation et le soutien ?


Le document qui va suivre s’est attaché, après les remarques préliminaires ci-dessus, à exposer, à travers 3 chapitres, les éléments essentiels, en particulier en retraçant avant tout les faits et événements, qui ont marqué les dix mois du mouvement des sans papiers de 1996.


- Un premier chapitre traitera des principaux mouvements de sans papiers, à travers l’histoire des vingt dernières années en France (1972 à 1995). Cette partie essayera de dégager les caractéristiques et les spécificités de chaque mouvement de lutte au cours de cette  période et éventuellement de montrer leurs points communs.


- Le second plongera au cœur même de la mobilisation actuelle pour y traiter et analyser les principales phases du mouvement ainsi que des acteurs directs, les sans papiers et les collectifs, et leurs revendications. Une place conséquente sera accordée aux différents pôles de mobilisations ainsi qu’aux coordinations.


- Le dernier volet est consacré à un aspect important de cette mobilisation : le soutien et la solidarité. C’est ne l’oublions pas, ce soutien organisé qui a été, entre autre, l’une des passerelles qui a permis le mouvement de sympathie dans l’opinion, sympathie dont on ne peut mesurer les retombées réelles.


De nombreux aspects n’ont pas été traités de manières suffisamment approfondie voire même pas abordés du tout et qui, demain, pourraient apparaître comme déterminants pour la suite du mouvement. Nous avons voulu privilégier les faits, même si certains d’entre eux paraissent noyés dans les commentaires.


Ce document se veut avant tout une contribution militante à ce grand mouvement de sans papiers, lequel, nous en sommes intimement persuadés, ouvre des perspectives tout à fait nouvelles pour toute l’immigration et la société française.

 

Mohsen DRIDI

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